Hasselblad

 

L'Imagon Rodenstock

 

           

 

  un soft-
focus
 

L'Imagon est un doublet sous-corrigé de l'aberration sphérique produisant des images "enveloppées" dites de "flou artistique".

Créé en 1931 et resté au catalogue jusqu'à ces dernières années, c'est un extraordinaire outil de portraitiste. Le rendu est beaucoup plus subtil que celui des filtres diffusants de type Softar. On obtient une estompe progressive du centre vers les bords, avec diffusion des hautes lumières.

L'effet de flou se règle au moyen de disques à trous interchangeables comportant une ouverture centrale circulaire principale et des trous périphériques occultables.

Ce genre d'images est passé de mode, après avoir été le standard du professionnel compétent.

    Imagon
Imagon 200 mm en monture Hasselblad
Ici avec un obturateur Compur
 

 

  Haut de la page
  prise en
main
 

L'utilisation à main levée est presque impossible, au moins au début. Il faut pouvoir juger l'effet du dosage du diaphragme. Les temps d'exposition sont relativement longs.

Pour s'en servir , prévoir :

  • un boîtier, dos et viseur,
  • deux cables souples dont un avec blocage pour maintenir le boitier en pose B,
  • un pied,
  • un posemètre.
  • un viseur à cellule incorporée tel qu'un des PME est bienvenu.

S'entraîner à vide (manipulations de l'obturateur et du volet de dos du type chambre)


  les disques
à trous
 

L'objectif est livré avec trois disques à trous comportant une ouverture centrale circulaire principale et des trous périphériques occultables. Le diamètre de l'ouverture centrale est décroissant et celui des trous décroît en rapport. La taille de l'ouverture, combinée avec l'ouverture ou la fermeture des trous permettent de doser l'effet de flou et la diffusion des hautes lumières.

On met en place l'un de ces disques en l'emboîtant dans la lèvre externe de l'objectif. Plus les ouvertures des disques sont petites, plus la luminosité diminue.


Ouverture H des diaphragmes à trous

Modèle

Trous ouverts

Trous fermés

petit

H 9,5

H 11,5

moyen

H 7,7

H 9,5

gros

H 5,8

H 7,7

objectif nu : H 4,5


L'ouverture H désigne le f résultant en ce qui concerne la luminosité ... mais pas la profondeur de champ, qui est beaucoup plus grande que sur un objectif classique.


  réglage de
l'objectif
 

Selon l'effet voulu, choisir une combinaison taille du diaphragme / trous ouverts ou fermés.

Dans tous les cas, faire la mise au point avec la combinaison disque / position des trous qu'on utilisera effectivement. La zone de netteté est étendue, le choix du point est délicat. Essayer plusieurs combinaisons.

La surface totale des ouvertures (cercle central + trous s'ils sont ouverts) détermine le flou.


Indice de netteté selon les disques
et la position des trous

Modèle

Trous ouverts

Trous fermés

petit

1

0

moyen

3

2

gros

5

4

objectif nu : 6 --- à proscrire


( 0 = net   -   6 = flou maximum)

J'ai concocté l'indice ci-dessus pour traduire les explications - il ne faut pas y voir un rapport de la valeur relative du flou obtenu, mais seulement le sens d'accroissement.

L'ouverture des trous ajoute du "pep" à l'image, surtout quand la lumière n'est pas diffuse. Pour un niveau de diaphragme global résultant (par exemple H 9,5) la combinaison diaphragme moyen trous fermés donne une image plus floue et plus plate que la combinaison petit diaphragme trous ouverts.

En principe l'objectif ne s'utilise pas nu, l'image étant à la fois confuse et plate.

       
 
  résultats    
      en construction
 
  nature
morte
 

J'ai fait des essais .. pas terrible. Il s'agit moins de difficultés à dompter la bête que de choix du modèle et de la maîtrise de l'éclairage. J'attendrai de meilleurs résultats pour les montrer.
Voir les photos de Nobuo Honda
  portrait    
     

 

  fiche
technique
 

Dans la période récente, l'Imagon était fabriqué en 200, 250 et 300 mm. Le 200 mm couvre le 6x9 cm. Le 250 couvre le 4x5 pouces et le 300 mm le 5x7. Pour le 8x10 pouces, il vaut mieux se tourner vers les 360 mm disponibles d'occasion.

L'objectif est fourni nu (avec ses indispensables disques à trous) ou accolé à un obturateur de chambre Copal. Auparavant, les Compur ou Prontor P (désormais retirés de la vente) ont pu l'équiper. Une rampe de mise au point était prévue pour le 200 mm dans les principales montures de moyen format.


     

Imagon sur Compur

Imagon 200 mm pour moyen format : obturateur Copal n° 3 de la seconde au 1/125 ème, ainsi que la pose B et T.

Armement manuel. Diaphragme à iris interne complémentaire.

Rampe de mise au point de moins d'un mètre à l'infini (la latitude de mise au point ne permet pas de donner une distance minimum précise). la rampe est retirée sur la vue ci-contre

Un parasoleil et un filtre neutre 4 x sont fournis.

 

       
  autres soft-
focus
 

Mamiya produit un objectif équivalent pour le RB/RZ. Fuji fabrique un 180 et un 250 mm f 5,6 soft focus pour le grand format, qui sont importés en France à la demande par Toyo.
On peut craindre de devoir bientôt mettre ces références au passé.

D'autres marques ont fabriqué l'équivalent pour chambres (en voir la liste impressionnante sur le site de Jay Allen , qui témoigne de l'engouement pour ce type d'image).

Cooke, une marque traditionnelle d'objectifs grand format, a été relancée avec un 229 mm à portrait.

 

  conseils
des anciens

 

 

Autre témoignage de la vogue de ces objectifs, les conseils parus dans American Photography :

Manipulation des objectifs à flou par diffusion - Carrol B Neblette (à propos des modèles Verito et Pinkham et Smith) - American Photography Février 1921 page 82 -

" Ce n'est pas facile de dire exactement à quel moment l'image est au point, car elle n'est jamais nette et car chaque déplacement de l'objectif a pour résultat un genre de flou différent.

L'opérateur qui utilise son objectif en le réglant sur l'image la plus nette possible et règle ensuite le flou en agissant sur le diaphragme n'utilise pas tout le potentiel de l'objectif. On peut obtenir des flous intéressants en mettant au point de telle façon que le plan de moindre flou soit en avant ou en arrière du sujet. Ne diaphragmez jamais au maximum, car vous perdriez la quintessence des qualités. Tous les objectifs à flou que j'ai utilisés n'ont que rarement besoin d'être diaphragmés plus qu'à f 5,6 ou f6 pour donner la définition des volumes du sujet nécessaire.

Il est important de signaler que, si après avoir mis au point de la manière la plus nette possible avec l'objectif ouvert au maximum, on décale vers l'arrière de 3 mm pour le rapprocher du plan-film (la distance exacte dépend du modèle), on obtiendra une plus grande netteté. En mettant au point de cette façon, on augmente l'aberration chromatique et l'image devient plus nette "

Nota : il faut garder présent à l'esprit que ceci est écrit dans le cadre d'une prise de vue à la chambre, et que les émulsions de l'époque étaient au mieux orthochromatiques. L'augmentation de netteté en lâchant un peu d'aberration chromatique vient de ce que la longueur d'onde dont on accroît le flou n'agissait pas sur l'émulsion et que celles impressionnant le film voyaient leur mise au point moyenne améliorée - du moins c'est mon analyse


Les objectifs à flou artistique - Arthur Hammond - American Photography Août 1921 pages 426 et 428 -

" Lors de la mise au point d'un anastigmat, nous obtenons parfois la netteté voulue en examinant avec soin les parties importantes de l'image devant être nettes plutôt qu'en la prenant en compte globalement, car il y a un réglage pour lequel la netteté sera la meilleure, alors que dans une image à flou artistique il est difficile de déterminer une mise au point exacte car il est possible d'avancer ou de reculer considérablement l'objectif sans affecter de manière marquée la définition de quelque partie de l'image, bien que l'effet général de flou varie légèrement selon les différentes positions. En règle générale, la meilleure solution sera de défocaliser largement en avançant l'objectif puis de le ramener progressivement vers l'arrière jusqu'à obtenir l'effet qui convient le mieux "

" Le fait qu'il y ait une large plage d'effets possibles peut être démontré par l'anecdote suivante. Quand le premier Smith à flou fut lancé, un photographe réputé qui s'en était procuré un modèle en longue focale le présenta à quelques amis également photographes et, pour se faire une opinion sur les possibilités de l'objectif, chacun composa à son tour la même image et la mit au point sur le dépoli. Une fois que chacun se fut déterminé sur l'effet de flou qu'il trouvait le meilleur, on fit une marque en regard du tirage correspondant, et quand tous furent passés, on put voir qu'il y avait 75 mm de différence entre le tirage le plus court et le plus long. "

Nota : ici également, le contexte des chambres est marqué. L'auteur parle d'avancer et reculer l'objectif, de décalages sur le tirage etc...

 

  liens  

page Imagon du site "Classic Camera", avec de superbes illustrations de Nobuo Honda, maître utilisateur de l'Imagon, qui en présente d'autres sur AkiMedia (chargement un peu long).

Jay Allen a écrit "Pictorial, Soft-focus and Portrait Lenses from the Past" sur le pictorialisme et les objectifs doux. Ce titre, en tirage très limité, est épuisé. Ce photographe a remanié son site et retiré toute la partie consacrée au soft-focus. En revanche, il a écrit récemment le CD-Rom de conseils d'utilisation fourni avec les Cooke.

Introducing the Imagon, vieux mode d'emploi en anglais.

Article d'Ernest Purdum, sur Large Format info.

des images test de plusieurs soft-focus et un article en gestation, par "Photo Collector", sur Galerie Photo.

nombreux commentaires sur la page du Cooke 229 mm à portrait.

 

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Copyright de l'auteur : © <Dominique Césari>
novembre 1998 - liens mis à jour le : 21 juin 2009